La chasse à
la bécasse dans les Hautes Pyrénées
La
bécasse, oiseau migrateur survolant nos contrées
lautomne venu, est tout de même susceptible de nicher
sur les reliefs Pyrénéens à partir de 1000
mètres daltitude.
Les chasseurs de coqs connaissent ces milieux montagnards, en
général humides, où les bécasses sont
présentes dés louverture, signe dun
comportement sédentaire de ces individus.
Malgré tout, ces oiseaux sont très peu nombreux,
souvent farouches, difficilement abordables par des chiens darrêt,
et la quantité prélevée sur la chaîne
Pyrénéenne avant le début de la migration
est négligeable.
A partir de mi-octobre, selon les conditions climatiques sur lEst
de lEurope, les contreforts Pyrénéens accueillent
les premières mordorés souvent sur les limites hautes
des massifs forestiers ou bien à proximité de pâturages
daltitudes.
La chasse sur ces territoires aux pentes abruptes et aux surfaces
forestières souvent immenses requiert abnégation
et passion, surtout lors des sorties où les mordorées
se font rares, situation commune en Pyrénées! Alors,
lorsque une rencontre vient couronner les efforts dune longue
journée, après avoir franchi plusieurs sommets et
exploré quantité de combes, une grande satisfaction
envahie le chasseur.
La
rudesse du territoire, lâpreté des pentes et
la relative rareté de loiseau donnent à cette
chasse de début de saison une note émotionnelle
particulière lorsque le chasseur Haut-Pyrénéen
connait la réussite.
Le mois de Novembre voit les bécassiers Pyrénéens
densifier et augmenter leurs sorties, cest le début
pour la grande majorité des chasseurs de leur saison bécassière.
Pendant cette période, et lorsque les sommets commencent
à blanchir, les hommes des vallées espèrent
rencontrer la belle, poussée par ce manteau neigeux.
Pour
les montagnards la saison est alors très brève,
le plaisir ne durera que le temps dun fugace automne, les
chiens et les hommes devront alors patienter une année
pour à nouveau fréquenter la belle! Ce désespoir
donne lespérance aux autres et les vallées
Pyrénéennes deviennent alors le nouveau refuge des
mordorées.
Ces oiseaux de Novembre, affaiblis par leur migration, ne connaissant
pas encore leurs secteurs, donnent aux chasseurs la possibilité
de les rencontrer sur des territoires parfois inhabituels, et
la plus importante partie du tableau départemental se réalise
sur cette période.
A lentame du mois de Décembre certains oiseaux ont
déjà vécu plusieurs fois la rencontre avec
nos chiens et leurs comportements sadaptent alors à
cette nouvelle pression, ils deviennent plus méfiants.
Dés lors la chasse se transforme en une quête aléatoire
où les chiens et les hommes doivent exprimer toutes leurs
expériences, lart dapprocher le sauvage prend
ici tout son sens
En
Pyrénées ce mois connait certaines fluctuations
climatiques avec des épisodes neigeux incitant les bécasses
à fuir les territoires du piémont. La chasse pourra
cependant continuer sur la limite de neige où quelques
oiseaux stationnent, prêt cependant à quitter les
lieux si ces conditions se maintiennent.
Par convention, plutôt que par constat scientifique, on
considère la fin de la migration, au sens le plus large
du terme, vers le 20 Décembre. Après cette période
des mouvements erratiques doiseaux, conséquence directe
de conditions climatiques défavorables, permettent aux
chasseurs de rencontrer encore quelques oiseaux mais qui
sont, le plus souvent, aguerris aux joutes sylvestres. Les remises
de ces bécasses, situées bien souvent au fort des
massifs forestiers, dans des milieux denses et serrés,
sont bien connues des bécassiers expérimentés
qui les prospectent assidument durant cette période.
Pour autant les bois changent, évoluent, se transforment
naturellement ou par laction de lhomme, et certaines
remises disparaissent pendant que dautres apparaissent,
cest le savoir et lexpérience du chasseur qui
dicteront alors ses futures explorations.
Les
mois de Janvier et Février connaitront aussi leurs périodes
de pénurie bécassière mais les passionnés
attendront un redoux pour profiter à nouveau de quelques
oiseaux.
A partir de cette période une partie des chasseurs diminue
fortement leurs sorties hebdomadaires et les sous-bois retrouvent
alors une certaine quiétude.
Au
cur de lhiver la chasse devient une école de
modestie, les efforts consentis pour lever un oiseau seront lourdement
ressentis en fin de journée et la capture, si elle existe,
apportera joie et satisfaction.
Mais
lorsque l'oiseau, après maintes ruses, parvient à
s'extirper de son gîte et à fourvoyer ce prétentieux
prédateur moderne, le chasseur pourra le soir venu conter
cette nouvelle expérience d'un oiseau dont le caractère
sera comparé alors à une sorcière...